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PME vs grand groupe : deux visions du management dans la cosmétique

  • Photo du rédacteur: Erwan Hernot
    Erwan Hernot
  • 6 sept. 2023
  • 3 min de lecture

PME et grand groupe : des logiques différentes
Différences et similitudes ?

Le secteur cosmétique français est unique par sa dualité : une poignée de mastodontes mondiaux (L’Oréal, LVMH, Chanel) et des milliers de PME, souvent très innovantes. Le management dans ces deux univers obéit à des logiques profondément différentes. Ce papier aligne trois dimensions qui les illustrent particulièrement : responsabilité, proximité, agilité.


1. La responsabilité : partagée (grand groupe) ou concentrée (PME)

Dans une PME cosmétique, le manager est souvent multi-casquettes. Il gère des projets, manage une équipe, participe à la stratégie… et met parfois la main à la pâte. La responsabilité est très concrète : ce qui est décidé le lundi peut être mis en place le mardi. Cela crée un lien fort entre action et impact.

Dans un grand groupe, la responsabilité est plus segmentée. Le manager peut se spécialiser dans une fonction (ex. : chef de produit international sur une gamme de soins) avec un périmètre très clair mais parfois limité. Il porte la responsabilité d’un morceau de chaîne, et sa marge de manœuvre peut être réduite par les process internes.

➡️ Le manager PME est souvent un leader opérationnel polyvalent, le manager grand groupe, un orchestrateur expert sur un périmètre.

Prenons l'exemple d'une responsable marketing chez L’Oréal : elle gère exclusivement la ligne capillaire d'une marque spécifique, sur un marché donné (ex. : produits coiffants pour cheveux bouclés en Europe du Sud). Elle ne s'occupe ni des soins, ni des shampooings, ni d'autres zones géographiques. Mais elle orchestre avec une précision extrême tout ce qui touche à sa gamme : études consommateurs, lancement de nouveautés, positionnement prix, déclinaison des campagnes médias. Elle coordonne plusieurs équipes transverses et doit faire évoluer sa stratégie dans un cadre global, tout en livrant des résultats tangibles sur sa zone. Sa valeur ajoutée repose sur la maîtrise fine de son périmètre et sa capacité à activer les bons leviers dans un environnement complexe.


2. La proximité : humaine ou structurée

En PME, les équipes sont resserrées, les échanges directs, les décisions rapides. Le manager est souvent au contact quotidien des collaborateurs. Il connaît les prénoms, les doutes, les succès de chacun. Cela crée une relation forte, mais aussi une charge émotionnelle élevée.

En grand groupe, la relation hiérarchique est structurée, régulée, appuyée par des outils RH (entretien annuel, objectifs, 360°). Le lien managérial est plus professionnalisé, parfois plus distant. Il peut être compensé par des outils de communication interne, mais ne remplace pas toujours la chaleur du lien direct.

➡️ En PME : proximité émotionnelle forte. En grand groupe : proximité organisationnelle cadrée. Dans les PME, cette proximité émotionnelle est souvent rendue possible par un attachement affectif à l’entreprise, à ses fondateurs, à son histoire. Elle s’incarne dans une ambiance familiale, un sentiment d’utilité directe, voire une forme de loyauté personnelle. Le lien est humain, spontané, affectif. Dans les grands groupes, la proximité cadrée s’appuie plutôt sur un niveau d’implication professionnel : le salarié s’identifie à son rôle, à ses missions, aux objectifs collectifs. Il adhère aux rituels RH, aux évaluations, aux parcours de carrière. Le lien est structuré, contractuel, professionnalisé.


3. L’agilité : empirique ou orchestrée

Dans les PME cosmétiques, l’agilité est souvent une nécessité vitale. Peu de ressources, donc beaucoup d’adaptation. Les décisions sont prises en flux tendu, les équipes sont habituées à pivoter rapidement, à expérimenter sans protocole. L’agilité y est naturelle mais fragile : elle repose souvent sur quelques personnes-clés.

Par exemple, dans une petite marque de cosmétiques bio, le directeur R&D joue également le rôle de chef de projet. Sa connaissance transversale lui permet d'ajuster une formule, de répondre à un retour client, de relancer un sous-traitant… sans procédure formelle. Mais si cette personne s’absente ou quitte l’entreprise, tout le processus peut se gripper : l’agilité dépend d’un savoir incarné, rarement documenté.

Dans les grands groupes, l’agilité est une compétence organisée. Elle se traduit par des démarches structurées : sprint marketing, hackathons, incubateurs internes. C’est une agilité formalisée, qui repose sur des outils, des formations, une culture.

Par exemple, chez LVMH, certaines maisons déploient des processus d’innovation accélérée en partenariat avec des start-up. Une équipe dédiée peut lancer un prototype de service digital ou une nouvelle expérience client en six semaines, grâce à un cadre méthodologique précis (design thinking, test-and-learn, budget alloué). Cette capacité à industrialiser l’agilité la rend plus robuste et scalable, sans dépendre d’une seule personne ou d’un coup de génie isolé.

➡️ L’agilité PME est vivante, l’agilité grand groupe est programmée.

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