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Moins de réunions, plus d’efficacité : l’ère de l’asynchrone et du clean meeting a-t-elle commencé ?

  • Photo du rédacteur: Erwan Hernot
    Erwan Hernot
  • 7 oct.
  • 6 min de lecture
Illustration d'une réunion avec Post-Its type Agile
le mouvement Agile, inspirateur de réunions plus efficaces

Depuis la pandémie et l’essor du télétravail, les réunions se sont démultipliées à un rythme inédit. Réunions Zoom, Teams, points de coordination, comités divers… Comme si le fait d'avoir les outils ad-hoc était une condition suffisante pour se réunir ! Les managers et leurs équipes passent une part croissante de leur temps en discussion, parfois au détriment du travail de fond. Selon Atlassian [1], un collaborateur passe en moyenne 31 heures par mois en réunions jugées inutiles. Microsoft [2] a aussi constaté une explosion des « courtes réunions » de 15 minutes, utilisées comme rustine à la communication informelle disparue. Mais la tendance pourrait s'inverser. Mieux la cerner : tel est l'objet de ce papier.


Une nouvelle pratique émerge : moins de réunions, plus d’efficacité. Elle repose sur deux leviers complémentaires :

  1. L’asynchrone : transmettre, informer et mettre à jour sans se réunir physiquement ou en visio.

  2. Le clean meeting (que personellement je traduirais volontiers par "réunion juste"): quand la réunion reste nécessaire, elle est courte, préparée et orientée décision.

Cette double approche est de plus en plus discutée dans les entreprises. Elle pourrait transformer en profondeur la manière dont nous collaborons.


1. Pourquoi réduire les réunions ?

Le coût caché est énorme : pour une équipe de 10 personnes, une réunion d’une heure = 10 heures de travail consommées. Multipliez cela par des dizaines de réunions hebdomadaires et vous obtenez au final, une perte massive de productivité. On en rajoute en termes de fatigue cognitive : les réunions en visio provoquent une « fatigue Zoom » documentée par l’Université de Stanford. L’attention décline, le multitâche augmente, la qualité des échanges chute. La réunionnite entraîne une perte de sens : dans certaines organisations, être en réunion est confondu avec « travailler ». Mais assister passivement à un échange n’équivaut pas à créer de la valeur.Réduire les réunions n’est donc pas une question d’outils, mais de culture.


2. L’asynchrone comme réflexe

Asynchrone signifie ici que chacun contribue au moment qui lui convient, sans être obligé de se connecter en même temps que les autres. Prenons quelques exemples concrets :

  • Un manager poste un document de suivi projet dans Notion [3] et chaque membre complète ses avancées dans la semaine. Pas besoin de se réunir 1h chaque lundi.

  • Une mise à jour commerciale est partagée en vidéo courte (Loom, Vidyard). Chacun la visionne quand il le souhaite.

  • Les décisions simples (validation de budget, choix de wording) se font via un vote Slack ou un sondage Teams.

Avantages :

  • Plus de flexibilité dans l’organisation du travail.

  • Moins de coupures dans les plages de concentration.

  • Un historique écrit ou vidéo qui évite les malentendus.


3. Le clean meeting (qui ne consiste donc pas à nettoyer la salle de réunion) : des réunions rares mais utiles

Une réunion « clean » suit quelques règles simples :

  1. Préparer un ordre du jour clair → diffusé à l’avance, avec documents de support.

  2. Limiter la durée → 30 minutes par défaut, 60 minutes au maximum.

  3. Cibler l’objectif → une réunion ne sert que si elle permet :

    • une décision,

    • un alignement,

    • ou une créativité collective.

  4. Désigner des rôles → un gardien veille au respect du temps, un secrétaire rédige le compte rendu.

  5. Partager la décision immédiatement → un mail ou un post Slack résume les points actés et les actions à suivre.

Concrètement, cela transforme la dynamique. La réunion n’est plus un lieu de bavardage, mais un temps d’action collective à valeur ajoutée.


4. Clés de mise en œuvre pour une équipe

Commencer par auditer son agenda : sur 4 semaines, classer toutes les réunions → « utiles » vs « évitables ». Je pars ici du principe que cet audit est méthodiquement mené : chaque manager commence par son propre agenda avant d'auditer l'agenda collectif. Là, le travail est conduit avec l'équipe. (consultez moi pour le mode opératoire de l'audit si besoin).

Fixer une règle simple : « L’information circule en async par défaut. Réunion seulement si une décision ou un alignement est nécessaire. »

Mettre en place des outils adaptés : Notion, Confluence, Slack, Miro, Loom.

Former les managers à la facilitation : savoir cadrer une réunion, poser un objectif clair, dire non aux invités inutiles.

Célébrer le temps gagné : montrer combien d’heures libérées peuvent être réinvesties dans des tâches de fond.


5. Exemples en pratique

  • Réunion hebdomadaire d’équipe → remplacée par un document partagé sur Teams où chacun remplit 3 points : avancées, blocages, priorités. 15 minutes suffisent pour réagir.

  • Brainstorming innovation → concentré en 45 minutes, en présentiel ou visio avec un Miro board. Chaque idée est votée en direct.

  • Point projet → réduit : le Product Owner prépare un document de synthèse, et la réunion se limite à valider les décisions stratégiques.

Résultat : moins de réunions, mais des échanges plus vivants et plus orientés vers l’action.


6. Indicateurs de faisabilité

  • Nombre moyen d’heures en réunion par collaborateur → objectif : -20 % en 6 mois.

  • Taux de réunions annulées/remplacées par async.

  • Taux de décisions prises en réunion → objectif : ≥ 80 %.

  • Enquête interne : perception de l’efficacité des réunions (score attendu en hausse).


7. Limites et faiblesses de l’idée

Dans beaucoup d’entreprises, les managers valorisent ceux qui « sont visibles » en réunion. Sortir de ce biais demande un vrai travail sur la culture. il y a aussi un risque non négligeable d'explosion asynchrone ; le fait de remplacer toutes les réunions par des flux Slack ou emails peut saturer les collaborateurs autrement. Par ailleurs, on change le terrain de jeu. Certains préfèrent l’écrit, d’autres s’expriment mieux à l’oral. Il faut veiller à préserver un équilibre entre les rhéteurs à l'aise avec un public et les introvertis capables de nuances d'analyses devant leur clavier. L’asynchrone à outrance peut affaiblir la cohésion, surtout en distanciel. A cet égard, si le manager se contente de tout passer en asynchrone sans présence, il peut lui même être perçu comme distant.

Autrement dit, la démarche fonctionne si elle est équilibrée et contextualisée. Le but n’est pas de supprimer toutes les réunions, mais de ne garder que celles qui créent de la valeur.


Conclusion

L’ère du « toujours en réunion » touche-t-il à sa fin ? Les entreprises qui veulent gagner en efficacité doivent combiner deux leviers :

  • L’asynchrone par défaut pour l’information,

  • Le clean meeting pour les décisions et la créativité.

Moins de réunions, c’est plus de concentration, plus de rapidité, et plus de satisfaction pour les équipes. Mais c’est aussi un changement culturel majeur, qui demande courage managérial et constance.



[1] Atlassian. Étude interne relayée depuis 2019 dans leur communication sur la « réunionite » :

Atlassian, Time Wasting at Work, 2019 → chiffre souvent repris : un collaborateur passe 31 heures par mois en réunions jugées inutiles.(source : Atlassian Team Playbook & blog Atlassian sur la productivité)


[2] Microsoft. Étude Work Trend Index 2022 et 2023 : analyse de millions de signaux Teams et Outlook.

  • Résultat clé : explosion des « ad hoc meetings » (courtes réunions de 15 minutes, souvent non planifiées) → +153 % entre 2020 et 2022.

  • Microsoft note que les collaborateurs se sentent « épuisés par la multiplication des micro-réunions » et que cela fragmente le temps de concentration.(source : Microsoft Work Trend Index, 2022 & 2023)


[3] Slack. Plateforme de messagerie collaborative (rachetée par Salesforce).

  • Fonctionne avec des canaux (channels) thématiques.

  • Favorise l’asynchrone : on écrit un message, les autres répondent plus tard.

  • Remplace souvent l’email interne.


Notion. Outil collaboratif « tout-en-un » (wiki + base de données + gestion de projet).

  • Sert à documenter (procédures, comptes rendus).

  • Fonctionne bien en mode async car tout est centralisé et accessible en continu.


Vidyard. Plateforme de vidéos asynchrones, proche de Loom (voir plus bas).

  • Permet d’enregistrer son écran, sa voix, sa caméra → puis de partager un lien.

  • Très utilisée en vente B2B (envoyer un pitch personnalisé), mais aussi en interne pour remplacer un point d’information oral.


Miro. C'est un tableau blanc collaboratif en ligne.

  • Il permet à plusieurs personnes de brainstormer en temps réel, même à distance, avec post-its virtuels, schémas, cartes mentales.

  • Exemple : pour un atelier d’innovation, les participants ajoutent leurs idées simultanément sur le board → on regroupe, on vote, on priorise → tout est visuel et dynamique.

  • C’est l’équivalent digital d’un grand paperboard avec des post-its, mais en version connectée.


Loom est un outil de vidéo asynchrone.

  • Il permet d’enregistrer très vite son écran + sa voix + sa caméra, puis de partager un lien.

  • Exemple : au lieu d’organiser une réunion de 30 minutes pour expliquer une nouvelle procédure, un manager enregistre une vidéo Loom de 5 minutes → chacun la regarde quand il veut.

  • Avantage : gain de temps, plus clair qu’un email, possibilité de revoir la vidéo.

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