Idée : l'implication des dirigeants est fondamentale dans la gestion d'un changement. Le succès dépend de leurs actions, paroles, comportements. Mais le chemin vers ce succès est semé d'embûches, dont les dirigeants n'ont, très souvent, pas conscience ou sous estiment.
Piège 1. L'illusion de la cascade hiérarchique
Lorsqu'il évolue entre le conseil d'administration et le comité exécutif, alimenté par des notes d'analystes internes et des contacts uniquement hiérarchiques, le dirigeant peut estimer que tout le monde a le même niveau d'information que lui et par conséquent le même niveau d'analyse. Cette illusion l'amène à considérer ses analyses comme des évidences partagées par tous. D'ailleurs la cascade hiérarchique est là pour ça. C'est oublier qu'elle fonctionne mal. (https://www.clavaconsulting.com/post/vous-souhaitez-rater-votre-changement-mettez-du-taylorisme-dedans)
Piège 2. L'important c'est la stratégie
La stratégie est facile ; l'exécution est difficile. Les dirigeants ont décidé ce qu'il faudrait faire. La primauté est accordée à ce qu'il faudrait faire au détriment de ce qu'il est possible de faire. Dans ce cas là, on s'empêche d'anticiper les réactions des acteurs. La mise en œuvre est sous-traitée aux subordonnés. À charge pour eux de définir les procédures qui vont concrétiser les décisions prises. Les subordonnés vont avoir à affronter des difficultés bien supérieures à celle de leurs chefs quand ils ont pris des décisions. Ils vont se heurter aux intérêts stratégiques des uns et des autres, à leur capacité à s'opposer, à tourner les règles.
Piège 3. Ne pas mesurer le poids de ses mots
Vous êtes dirigeant ? Les moindre de vos mots sont écoutés, décodés dans des interprétations dont vous n'avez pas la moindre idée. Dans une conversation, votre poids hiérarchique transforme vos questions en enjeux pour celui qui répond alors tactiquement. Dans le même ordre d'idées, si vous n'êtes pas attentif à la façon dont vous accueillez les objections (qui sont autant d'informations vous permettant d'élargir votre point de vue avant la prise de décision), vous risquez de n'obtenir que des réponses à faible valeur ajoutée.
Piège 4. C'est quoi le problème ?
Certains dirigeants se saisissent d'un problème nécessitant un changement, sans en définir pédagogiquement l'enjeu ou la portée, estimant qu'ils ne font qu'un constat de la réalité. Toutefois, cette réalité du COMEX ne correspond pas à la réalité vécue par les troupes qui sont sommées de changer. Ces dernières vivent alors le changement comme une culpabilisation, une remise en cause a priori injustifiée de leurs pratiques antérieures. Sans connaissance partagée, difficile de mobiliser les troupes, sans parler de les motiver.
Piège 5. Data vs instinct
Décider sur son instinct malgré un accès facile à beaucoup de données. C'est d'abord ne pas prendre compte conscience de ses biais. À cet égard, vous voyez ce que vous croyez et pas l'inverse…
Piège 6. La vision
La fameuse vision du leader c'est-à-dire de l'homme qui sait l'avenir et que donc, il faut suivre. Il le sait tellement peu qu'il en reste à une vision vague dudit avenir de l'entreprise parce que ça évite de diviser le conseil d'administration et/ou le COMEX. On en reste ainsi à une injonction en espérant de façon un peu magique que les troupes adhèrent. Ça développe surtout une incrédulité de bon aloi qui peut parfois dégénérer en cynisme bien compris.
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